Falun, la mine de cuivre

🎶   a long way from home🎵 :  9232 km

 
Samedi 23 juin

Visite ce matin de la « Montagne de Cuivre Â», une vaste mine très ancienne, exploitée jusqu’en 1992, et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001.
Ce qui frappe dès l’arrivée, c’est cette immense fosse béante, de 100 mètres de profondeur et de 3 ou 400 mètres de large.
Ce trou est dû à un énorme éboulement survenu au 17ème siècle : les galeries étaient à cette époque creusées dans des cavités voisines, les unes sur les autres, ce qui finissait par affiner tellement les parois que tout s’est effondré. Une chance que ce jour-là personne n’y travaillait.
Bien chaussés et bien couverts – 🎶  heigh-ho, heigh-ho🎵– on est donc est descendus à la mine, sans pioche ni lanterne, mais bien équipés quand même avec une belle cape imperméable et un casque !
La tenue devrait faire des envieux…
Beaucoup de marches à descendre (mais un ascenseur pour remonter !), et la visite de déroule dans des galeries dont certaines boiseries de plancher et murs datent du 18ème siècle. Elles se resserrent par moments en des boyaux très étroits (pas facile pour les grands suédois, mais ok pour les petits français, il y a une justice quand même). Ne nous plaignons pas, car au 18ème siècle, il fallait parfois ramper…
On a visité quelques fosses, certaines immenses, et toutes avec un petit nom. Par exemple, la fosse du cadeau de Noël est ainsi appelée car un très bon filon y avait été découvert. Ils y mettent un sapin chaque Noël…
… qui reste vert jusqu’au Noël suivant, en raison de particularités chimiques que je ne me hasarderai pas à traduire en français… Mais tout se conserve tellement bien qu’une dame de 80 ans a reconnu son fiancé qui avait disparu dans la mine 60 ans avant et qu’on a retrouvé par hasard… dans la fosse du cadeau de Noël ! C’est pas drôle, mais bon…
La technique s’est améliorée au fil des siècles, avec des parois consolidées par des gros rondins de bois.
Pour rendre la roche plus friable, ils allumaient des brasiers tout contre, ce qui facilitait le piochage.
A l’extérieur, les installations du 19èmesiècle ont été préservées : une énorme roue à eau en bois (en service jusqu’en 1916)…
…qui, par un système de biellettes (ça « on Â» me l’a dit…), enroulait un câble qui remontait le minerai, ou les hommes dans des baquets plus grands.
Petit intermède historique
Le début (connu) de l’activité de cette mine remonterait au 7ème siècle. Vers les 13ème – 14èmesiècles la mine était une copropriété des grands royaumes et de l’église, et était exploitée à l’échelle industrielle. Par moments, la production de cuivre de cette mine a représenté les deux tiers du marché mondial et la plus grosse concentration industrielle de la Suède. Plus d’un millier d’ouvriers y étaient alors employés. 
Puis, vint un déclin, et en 1533 le roi Gustav Vasa, qui avait un grand besoin d’argent pour financer ses guerres, leva d’énormes taxes, confisqua les biens de l’église (il considérait que le Pape à Rome avait trop de pouvoir et s’était déclaré lui-même chef de l’église), et prit possession de la mine de cuivre manu militari, au prix de quelques exécutions ou emprisonnements de mineurs considérés comme rebelles. Il remplaça l’organisation des guildes de mineurs pourtant très puissantes avant cela par une charte royale. De nouvelles technologies furent introduites qui firent grimper la production.
Inutile de préciser que le travail était très dur car la plupart des tâches faisait appel à la force humaine. Il fallait un mois à un ouvrier pour piocher un m3 de minerai et dans le meilleur des cas, il contenait 3% de cuivre.

Mais cela en valait la peine : au 19èmesiècle les ouvriers étaient logés, gagnaient plutôt bien leur vie comparé aux conditions de travail dans les autres usines ou comme fermiers, étaient pris en charge avec leur famille quand ils étaient blessés ou malades, et des écoles étaient construites pour leurs enfants. Ils ne subissaient pas le rude climat au dehors en travaillant sous terre toute la journée. Un syndicat des mineurs fut créé en 1897 qui négocia salaires et aménagement des conditions de travail au 20ème siècle.

La mine appartient depuis environ 20 ans à une fondation co-gérée par la municipalité de Falun.
Parenthèse BTP  
(je ne savais pas où caser cette importante question qui me trottait dans la tête depuis le premier jour en Norvège… et la réponse est enfin venue avec la visite de cette mine…)
Pourquoi la couleur dominante des peintures des maisons en Norvège et en Suède est-elle sang de bÅ“uf (ou plutôt sang de renne ici…) ? Il s’agit d’une peinture fabriquée à partir du minerai extrait de cette mine, pauvre en cuivre mais riche en ocre rouge et silice, qui après un traitement spécifique, produit des pigments de couleur rouge qui sont broyés en poudre très fine et sont utilisés pour fabriquer cette peinture marron-rouge pour les maisons. Cette peinture n’est pas absorbée par le bois, elle peut donc respirer, absorber et évacuer l’eau tout en protégeant le bois. Bon, s’ils le disent…
Et j’ai posé une question intelligente (si si ! Dixit le guide…) sur les stocks de roche, vu que la mine n’est plus exploitée : il paraît qu’ils ont une cinquantaine d’années de stocks d’avance, et que s’ils en viennent à bout, eh bien pourquoi pas remettre la mine en exploitation… C’est simple en somme.
Et ça va beaucoup mieux maintenant que je sais et que j’ai vu les terrils de roches concassées…
J’espère que la visite vous a plu autant qu’à nous. Il y avait une mine d’informations dans le musée installé dans la belle maison de l’ingénieur en chef au 19ème siècle :

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